Des origines un peu mystérieuses

Malgré l’abondance de livres écrits au sujet de la Franc-Maçonnerie, ses origines précises sont difficiles à cerner et différentes théories existent à ce propos, notamment voulant que les premiers Francs-Maçons se soient réunis d’abord en Écosse au 17ème siècle, ou qu’ils soient apparus en même temps que les Templiers, ou encore qu’Adam soit le premier Franc-Maçon. 

Chose certaine, les historiens croient que la Franc-Maçonnerie moderne se rattache aux corporations de maçons et de tailleurs de pierres qui ont vu le jour au Moyen-Âge. À cette époque, on dit que la Franc-Maçonnerie est « opérative », c’est-à-dire que les membres sont de véritables maçons, qui offrent leurs services comme ouvriers itinérants en voyageant d’un chantier à l’autre. C’est l’époque où l’on construit les grandes abbayes et cathédrales d’Europe, et les chantiers sont fréquemment isolés ou reculés. Les travailleurs vivent donc dans des loges, une appellation qui est demeurée. Vivant ainsi en communauté, les maçons discutent, après le travail, de sujets philosophiques et de comment devenir de meilleurs hommes. 

Pas seulement pour les ouvriers

Avec l’urbanisation grandissante et la disparition des grands chantiers, on voit apparaître, d’abord en Écosse et ensuite en Angleterre au 17ème et 18ème siècle, une nouvelle forme de Franc-Maçonnerie, qui accepte dans ses rangs des hommes dont le métier n’a pas forcément de lien avec le domaine de la construction. Ces nouveaux membres sont surtout en quête d’un enrichissement spirituel et personnel et voient la fraternité des Francs-Maçons comme un outil pour mener cette quête. 

La naissance « officielle » de la Franc-Maçonnerie a lieu le 24 juin 1717 avec la formation de la Grande Loge d’Angleterre. Quelques années plus tard, en 1723, la philosophie et les principes de la Franc-Maçonnerie seront détaillés dans les Constitutions du pasteur presbytérien James Anderson. Le texte précise que les Francs-Maçons font preuve de tolérance religieuse et que les hommes de toute confessions sont acceptés. Les femmes ne peuvent toutefois pas être membres, et les maçons doivent s’abstenir d’intervenir publiquement dans les domaines religieux et politiques.   

En 1726, la Franc-Maçonnerie est introduite à Paris, et de là, se répand dans toute l’Europe. L’Église Catholique voit toutefois la fraternité d’un mauvais œil et la condamne publiquement en 1738. Cela n’empêche pas le nombre de loges de se multiplier, surtout en France. 

Au même moment, la Franc-Maçonnerie s’installe au Québec, devenue colonie Britannique. Des documents historiques montrent que la Loge Albion de Québec, une loge militaire, aurait été crée en 1721, et aurait reçu sa charte officielle en 1785. La même année, une loge francophone composée de bourgeois à tendance libérale est formée sous le nom de la Loge des Frères du Canada. 

Schisme de 1877

Si toutes les confessions religieuses sont bienvenues dans la Franc-Maçonnerie, on demande toutefois aux maçons de croire en «Dieu et l’immortalité de l’âme ». Les textes Francs-Maçons font aussi référence au « Grand architecte de l’univers ». Les loges francophones d’Europe, en conflit avec l’Église Catholique, prennent leurs distances par rapport à ces croyances et refusent d’exiger de leurs membres qu’ils croient en un « Être Suprême ». En 1877, les plus hautes autorités Franc-Maçonniques en Angleterre déclarent que la Franc-Maçonnerie Française, sous la bannière du Grand Orient de France, ainsi que le Grand Orient de Belgique, sont irrégulières en raison de leur caractère de plus en plus athée. Les deux branches de la Franc-Maçonnerie demeurent séparées aujourd’hui. 

En 1929, la grande Loge Unie d’Angleterre publie ses Principes de base pour la reconnaissance d’une Grande Loge. On y explique l’exclusion des femmes pour des raisons historiques (à la création des premières loges de Francs-Maçons, au Moyen-Âge, il n’y avait pas de femmes maçons). 

De nos jours, plusieurs loges Franc-Maçonniques demeurent ouvertes aux hommes seulement, mais il existe aussi des loges mixtes. 

Être Franc-Maçon aujourd’hui

Les rites maçonniques comprennent l’ensemble de rituels et de pratiques adoptées par les Francs-Maçons. Il existe plusieurs variations mais généralement cela comprend les rituels d’initiation, les poignées de main secrètes et mots de passe, et les divers degrés de connaissance ou d’avancement proposés aux membres. Les rites les plus connus et les plus répandus sont le Rite émulation, le Rite écossais ancien et accepté, le Rite York et le Rite Français. Il y a trois degrés de base : apprenti, compagnon et maître, et ensuite les membres peuvent aspirer aux hauts grades. Dans le rite écossais ancien et accepté, par exemple, il y a 33 degrés, tandis que dans le rite français, il y en a 7. 

On devient Franc-Maçon par cooptation, c’est-à-dire qu’un maçon doit proposer et parrainer la candidature d’un nouveau membre. Après l’obtention de chaque nouveau grade, le Franc-Maçon se voit donner de nouvelles responsabilités envers les autres et envers lui-même, ainsi que nouveaux sujets de méditation sous forme de symboles ou de mythes. Les maçons se réunissent dans des temples désignés, où ils mènent des travaux, c’est-à-dire des discussions ou présentations sur différents sujets. Ils profitent ensuite des agapes, soit un moment pour manger, boire et socialiser. Il est interdit de parler de politique ou de religion dans les rencontres maçonniques. Dans la vie courante, les Francs-Maçons sont libres de dévoiler leur propre appartenance à la fraternité, mais ils ne peuvent pas dévoiler l’appartenance d’un autre membre vivant. 

Jici Lauzon à la Grande Loge du Québec rencontre…

Jacques G. Ruelland

Franc-Maçon et historien